On attendait – certains fans tout du moins – grandement les performances de l’équipe de France de football lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Avec l’été qui touche bientôt à sa fin, force est de constater que les sportifs à féliciter se situent plutôt du côté d’un stade d’athlétisme ou d’un bassin de natation. Et bien plus près que Johannesburg : à Barcelone tout d’abord, puis à Budapest. Et c’est souvent là où la presse n’était pas encore présente au grand complet qu’a eu lieu un défilé de médailles qui a accompagné les pas des athlètes français, qu’ils soient d’or, d’argent, ou encore de bronze. Pas moins de huit titres européens et dix-huit médailles au total pour les Championnats d’Europe d’athlétisme et également huit titres européens pour vingt-trois médailles en ce qui concerne les nageurs et nageuses françaises. Leur mérite est d’autant plus grand, que la plupart étaient de parfaits anonymes avant leurs performances. Point de contrats mirobolants déjà acquis ; certaines et certains avaient même dû batailler ferme pour trouver des sponsors. La seule perspective de donner tout ce qui était possible, d’inscrire simplement leur nom dans la légende du sport ou de revenir avec la fierté d’avoir participé à ces Jeux réussissaient à les motiver. A l’opposé d’une équipe nationale de football qui a été la risée de toute une planète et dont les joueurs avaient été bien trop gâtés avant même de prouver leur niveau de jeu – niveau que tout le monde espérait être à la hauteur de l’évènement mais qui était pourtant bien faible et réellement décevant dès le départ.
On pourra longtemps revenir sur les performances de Camille Lacourt sur 50 mètres et 100 mètres dos ainsi que lors du relais 4 x 100 mètres 4 nages ; sportif dont le physique et le visage d’ange dissimulé par quelques mèches blondes donneront l’envie à plus d’un de se remettre à la natation pour plonger dans le grand bassin, avec l’idée à peine dissimulée de ne jamais en sortir. Ou encore de solliciter ses bons soins pour prendre quelques (dizaines) d’heures de cours privés afin d’apprendre à nager en ce qui me concerne. L’espoir est permis quand on sait qu’à la sortie du bassin, un nageur du relais français, Fabien Gilot, interrogé par Nelson Montfort, a voulu faire passer un message pour le moins original : « A toutes les filles qui ont craqué sur Camille, sachez qu’il est gay« . Le principal intéressé semblait pour le moins embarrassé et a répliqué après de longues secondes qu’il prouverait le contraire au monde entier. Gageons que bon nombre de téléspectateurs seront à l’affût pour démêler le vrai du faux suite à cette interview, réalisée en direct sur France Télévisions et pour le moins inhabituelle juste avant une remise de médailles. Il serait quand même tout simplement agréable – mais illusoire – qu’un triple médaillé d’or de Championnats européens ait un physique de rêve, réalise des performances sportives extraordinaires et soit pleinement épanoui dans sa vie de tous les jours aux côtés d’un autre homme. Simplement pour ouvrir un peu les mentalités de quelques mamies un peu trop casanières et étroites d’esprit qui résident au fin fond du Cantal ou de la Meuse.
Cependant, gare à l’effet médiatique et à la pression considérable qui vont s’installer sur ces sportifs lors des prochains Championnats du monde de natation à Shanghai en 2011 ou encore des Jeux Olympiques à Londres en 2012. Le temps n’est pas loin où une célèbre nageuse, couverte d’or au niveau européen et également sacrée à Athènes, avait finalement complètement raté son entrée et sa compétition à Pékin. Dégoût et démotivation face aux concessions nécessaires pour rester dans l’élite mondiale de la natation ? Stress imposé par les journalistes et intrusion dans sa vie privée par la presse people ? Même si le constat peut paraître incompréhensible pour bien des Français, certaines raisons d’un échec sont, elles, bien simplistes : comme chaque année, et bien souvent lors du tournoi de tennis de Roland Garros, un peu moins de pression sur les épaules des sportifs français éviterait probablement de grandes déceptions. La consécration, les médailles et les Marseillaises jouées en l’honneur de performances inouïes ne sont-elles d’ailleurs pas venues de sportifs que personne n’attendait vraiment ? Mais pour le moment, réjouissons-nous. En ces temps de crises et de temps durs, ces quelques femmes et hommes ont voulu donner le meilleur d’eux-mêmes. Pour eux-mêmes tout d’abord, mais aussi et sans aucun doute pour leur famille et leurs proches, seulement par la suite pour offrir un spectacle à un pays tout entier. Par leurs exploits, l’athlétisme et la natation nous ont offert de beaux moments. Des moments qu’on aimerait vivre en continu tout au cours de l’année et pas uniquement pour le charme du regard azurin et le sourire éclatant de Camille Lacourt.