S’il y a quelque chose qui m’a interpellé en retrouvant ma terre natale c’est bien le nombre de fois où chacun d’entre nous peut entendre des sirènes – de police, de pompiers, d’ambulance – se déclencher dans la journée. Ce bruit si strident qui symbolise la souffrance – physique ou morale – d’une personne en détresse, qui n’a d’autres moyens pour s’en sortir que d’en appeler à une force armée ou à des soins médicaux urgents. Mais dans notre société où tout repose sur l’individualisme, nous arrive-t-il une seule fois de penser à tous ses gens qui nous entourent – proches ou parfaits inconnus – qui souffrent à leur manière, chaque jour, en silence ? Ennuis de santé, problèmes financiers, mais aussi disputes ou peines de cœur semblent rythmer notre vie hebdomadaire. Et puis finalement, il existe cette quête que chacun cherche à accomplir pour remplir son existence. Pour certains il s’agit de la recherche d’un métier ou bien encore l’envie de recréer une famille que nous n’avons jamais eue. Pour d’autres, c’est la poursuite de l’amour, entre sourires, trahisons et déceptions. Mais bien souvent ouvrir son cœur se transforme en véritable danger : peur de s’engager, crainte de souffrir à nouveau ou bien tout simplement inquiétude d’être pris dans un tourbillon d’émotions fatal au bonheur final. Nombre d’hommes et de femmes fuient en pensant que leur liberté et leur indépendance seront irrémédiablement réduites comme peau de chagrin face à l’arrivée d’une autre personne dans leur vie.
Qu’y a-t-il tout simplement à espérer quand on a 20 ans, que l’on est gay, que l’on rentre chez soi après avoir visité cinq pays différents, tout autant de capitales et que l’on retrouve la vie que l’on avait toujours voulu fuir après avoir passé près d’un an en Suède ? Si j’avais une réponse à apporter ce serait que la seule chose qui manque à ma vie repose justement dans quelques mots doux qui feraient vibrer mon téléphone portable, des balades dominicales qui se termineraient autour d’un chocolat chaud, et quelqu’un qui n’aurait pas peur de prononcer les mots « Je t’aime ». Parfois j’aimerais aussi ne pas avoir de cœur à recoller, à rebriser, puis à retrouver une nouvelle fois en dizaines de morceaux. Mais finalement aujourd’hui il me faut réintégrer des passe-temps et des loisirs qui s’étaient substitués naturellement à d’autres. Retrouver l’envie d’aller au cinéma, de flâner dans les rues de ma ville natale, de discuter avec ma meilleure amie de tout et de rien ou bien tout simplement d’accepter ma vie telle qu’elle est. Et tout ceci a quelque chose d’effrayant quand on en arrive à la conclusion par moment que l’on a réussi à faire des choses que la plus grande majorité n’arrive à faire en une existence. Désormais je peux le dire et le crier haut et fort et pardonne-moi l’expression : j’ai eu les couilles de partir un an et de tout laisser ! Jamais je n’aurais imaginé quelques années auparavant ce qui allait m’arriver et aucun mot n’existe pour décrire tout ce que j’ai vu, les amis que je me suis faits, les rires que j’ai laissé éclater, et les souvenirs inoubliables qu’une année Erasmus laisse en toi.
Cependant, nous pensons tous être maître de notre destin mais un jour, notre vie d’enfant si paisible a été bouleversée. La vie a cessé d’être drôle pour devenir effrayante. Les couleurs pastel sont devenues ponctuées de gris jusqu’à devenir noires. Mais petit à petit, nous avons appris à recouvrir de peinture pastel le noir lorsqu’il le fallait. Tout compte fait nous avons aussi appris à grandir et vivre avec cette peur, nous l’avons laissé nous envahir au début, puis nous avons su comment la dominer. Et parfois le destin nous réserve de bonnes surprises comme aujourd’hui en apprenant que l’université de Paris IV Sorbonne m’a finalement accepté pour accomplir la dernière année de mes études. Trouver une entreprise, dénicher un logement, déménager et m’habituer à un nouvel environnement. De nouveaux challenges s’ouvrent à moi même si pour le moment je peine à réaliser ce qui s’est passé. En à peine une année, j’ai réussi à convaincre deux jurys, une première fois pour partir en Suède et maintenant pour m’offrir une formation en licence professionnelle. Je n’irais pas jusqu’à dire que mes chevilles gonflent à vue d’œil mais ces deux réussites m’apportent une certaine satisfaction personnelle et l’impression d’être sur une pente ascendante où se trouve une réussite professionnelle à la clé. Et pour finir, j’essaye aussi de conjuguer ces succès dans le domaine sentimental et amoureux où une rencontre est peut-être en train de changer ma vie de célibataire endurci, mais tout ceci sera peut-être dévoilé prochainement.