Au milieu du mois de décembre, la décision fut prise avec un de mes amis de partir ensemble à la découverte d’une capitale européenne. Le choix se porta sur la capitale des Pays-Bas : Amsterdam. Un mois plus tard et seules quelques heures à grande vitesse au départ de la Gare du Nord nous séparent de notre destination finale. Bruxelles Midi, Anvers Central, Rotterdam Central, La Haye Central, Aéroport de Schipol et enfin s’annonce la gare d’Amsterdam à bord du Thalys. Train où le repos est d’ailleurs quasiment impossible face au flot ininterrompu d’annonces effectuées en français, en allemand, en néerlandais et en anglais. Amsterdam s’ouvre alors à nous, avec son architecture flamboyante, ses canaux interminables, ses effluves prenantes de cannabis, son quartier rouge, ses vélos par milliers, ses tramways qui ne manqueraient pas l’occasion de vous écraser sans pitié, ses musées. Cette excursion de quelques jours au pays de Vermeer, Van Dyck et autres, était surtout placée sous le signe de la culture avec la visite du Van Gogh Museum, du Diamond Museum, du Rijksmuseum, de la maison d’Anne Frank, de la maison de Rembrandt, du Stedelijk Museum, de l’Erotic Museum, du Museum Van Loon, de l’Amsterdams Historisch Museum, du Sex Museum, pour enfin finir par celle du Museum Willet-Holthuysen.
Malgré le mauvais temps qui fut relativement présent pendant cette petite semaine, Amsterdam s’impose comme une ville où il fait bon vivre et où chacun s’occupe de ses propres affaires, sans regarder à celles de son voisin – du moins en apparence. Les rues offrent le spectacle d’un véritable esprit de tolérance par la densité des nombreux coffee shops, par l’importance des vitrines illuminées en rouge où se dévoilent prostituées, par la fréquence de fenêtres de certains rez-de-chaussée où s’offrent à nos yeux les feuilles de plantes locales d’intérieur, par la présence considérable de rainbow flags. Mais aussi par des faits méconnus et éloignés des clichés notamment la quantité de restaurants argentins et indonésiens ou encore la présence d’un mémorial, représentant un triangle de marbre rose sur le sol, rendant hommage aux homosexuels persécutés et déportés pendant la Seconde Guerre Mondiale, à quelques pas de la maison d’Anne Frank. Reste qu’Amsterdam a réussi à conserver une atmosphère particulière de village figé dans le temps. Le spectacle est d’ailleurs saisissant quand on réalise qu’il ne faudrait qu’un soupçon de rêve pour imaginer qu’à n’importe quel moment, des bateaux remontant les canaux, pourraient encore rapporter leurs denrées exotiques ramenées d’Indonésie, de Curaçao ou de Sint-Marteen, destinées à l’aristocratie et la bourgeoisie locales mais aussi à l’Europe toute entière.
Tu l’as compris, le temps semble s’être arrêté au détour d’un canal, face à l’originalité et à la singularité de son architecture, figeant la ville à l’époque du Siècle d’Or. Mais au détour d’une rue, le retour à la réalité est on ne peut plus cruel. Un long débat pourrait alors s’ouvrir entre les notions de tolérance et permissivité face à deux différences majeures entre les Pays-Bas et le reste de l’Union européenne. Même si la plupart des gens restent dans un coffee shop pour fumer, faut-il pour autant se permettre de fumer son joint sous le nez de ses enfants ou encore de se taire devant l’extension des vitrines et sex shops bien au-delà des limites du Quartier Rouge ? Le gouvernement et la municipalité semblent divisés face à un constat amer : la légalisation de la prostitution n’a pas combattu les réseaux mafieux proxénètes et la dépénalisation des drogues douces a contribué à un essor des drogues dites dures. Face à un choix de société cornélien, les Pays-Bas adoptent la fameuse vertu protestante – si caractéristique de l’Europe du Nord et encore plus prononcée en Scandinavie – qui consiste, pour le moment, à fermer les yeux sur les vices des autres considérant que chacun a les siens. Maintenant que ces quelques jours à la découverte d’Amsterdam se sont écoulés à merveille, il me tarde de découvrir une autre capitale, bien plus proche encore mais où je n’ai jamais mis les pieds : Bruxelles. Le Thalys n’a qu’à bien se tenir.