Il existe parfois, des richesses historiques insoupçonnées qu’une restauration ou qu’une exposition vient révéler au grand public. Parmi elles, la villa Demoiselle, située boulevard Henry Vasnier à Reims, juste en face des caves Pommery. Inaugurée en 1909 par l’architecte Louis Sorel, cette magnifique demeure, symbiose entre l’Art Déco et l’Art Nouveau, est extrêmement novatrice pour l’époque : murs en béton armé, charpente métallique, eau courante, chauffage central, éclairage électrique mais aussi un ascenseur ! Malgré les ravages de la Première Guerre Mondiale sur l’immobilier rémois, la villa résiste assez bien à l’épreuve et traverse les décennies jusqu’aux années 1970 où elle est laissée à l’abandon. C’est ainsi qu’au fur et à mesure du temps et des différents squattages, les lambris et parquets sont arrachés, le marbre et le mobilier disparaissent, les murs sont tagués, jusqu’au début des années 1990 où l’on décide de murer tout simplement les fenêtres et les portes du bâtiment. Le coup de grâce est apporté par la tempête de 1999 qui arrache une large partie de la toiture et laisse la villa en proie aux infiltrations d’eau pendant quelques années encore. Fort heureusement l’année 2004 marque le souhait de la compagnie Vranken de racheter et de réhabiliter la villa afin de lui rendre son lustre d’antan. Les 22 corps de métiers nécessaires à la restauration travaillent sans relâche pendant quatre longues années, depuis les menuisiers et les peintres, jusqu’aux maîtres verriers en passant par les tailleurs de pierre et les marbriers. Le résultat est tout simplement époustouflant !
Le lieu a retrouvé une splendeur qui semble tout droit sortie des années fastes du début du siècle. Le déroulement de la visite vous apprendra qu’il a fallu près de 42 000 heures de travail rien qu’en menuiserie intérieure pour faire renaître la beauté de la villa. Par ailleurs, les nombreux symboles réalisés au pochoir font honneur à la flore et à la faune de la région, comme en témoignent les feuilles de vigne ou encore les nombreux papillons et libellules. Pour de nombreuses personnes originaires de Reims, cette villa n’a été connue que dans un état délabré, sans savoir quel joyau se trouvait véritablement sous leurs yeux. Cette restauration permet d’offrir à la ville un atout non négligeable pour attirer les touristes, qu’ils viennent de l’étranger, de France, ou même de la région Champagne-Ardenne. Certes excentrée, perchée sur les hauteurs extérieures de la ville, avec une vue prenante sur la cathédrale, la Villa Demoiselle a désormais de beaux jours devant elle. Néanmoins, il semble que le succès des visites ne soit pas – encore ? – au rendez-vous car peu de curieux daignent s’intéresser à la visite de ce chef-d’œuvre retrouvé et préfèrent se tourner de l’autre côté du boulevard afin de visiter les crayères gallo-romaines de la maison Pommery, où reposent des centaines de milliers de bouteilles de champagne, attendant leur étiquetage et leur commercialisation. Lecteur de ces quelques lignes, n’hésite pas à prendre le temps de découvrir l’imposante bâtisse si tu disposes du temps nécessaire, je pense que tu n’en seras que ravi !
Que les éventuels intéressés s’arment également de patience face aux perturbations dantesques que la ville de Reims connaît depuis déjà à peu près un an à cause de travaux nécessaires à la réalisation de la première ligne de tramway de la métropole. Tout au long du tracé, si l’envie te prend de venir en voiture, prépare-toi à affronter des embouteillages et des déviations, sans compter les nombreuses voies devenues à sens unique : inutile de te dire que le GPS devient très rapidement inutile. Si comme moi, tu es plutôt adepte du TER ou du TGV, ne t’affole pas en sortant de la gare et prends ton mal en patience pour te frayer un chemin à travers les différents tracés du labyrinthe qui permet de s’extirper de la gare. De nombreux panneaux t’annoncent tout de même qu’avec le tramway « Reims prend des couleurs » et te proposent de voir l’état de la ville une fois les travaux terminés. Les projets s’accumulent depuis quelques années et il semble que « la Belle Endormie » – comme l’avait surnommé un célèbre quotidien français – se réveille depuis l’arrivée du TGV qui a mis la ville à seulement 45 minutes de Paris. Par ailleurs, on annonce l’ouverture d’un magasin IKEA en 2011 et l’arrivée d’une filière de la prestigieuse formation de Sciences-Po Paris dans l’ancien Collège des Jésuites à la rentrée 2010. Reste à savoir si Reims s’imposera sur la scène nationale, voire européenne, avec le temps.