Présentons donc la ville où je suis né et où je réside : Reims. J’en vois déjà certains et certaines qui se demandent « Mais c’est où ça, Reims ? ». Alors Reims se situe dans la région Champagne-Ardenne, au nord-ouest du département de la Marne, à environ 120 kilomètres de Paris. Le peuple Rème la fonda bien avant la naissance de Jésus et elle fut ensuite la capitale de la Gaule Belgique à l’époque romaine, sous le nom de Durocorturum. C’est aussi à Reims que le premier Roi des Francs – Clovis – fut baptisé par l’évêque Saint-Rémi en 496, instituant une longue tradition de sacres des Rois de France jusqu’au dernier Roi du peuple français : Charles X. En 1789, Reims fut maltraitée pour son passé et ses favoritismes royalistes : il en résulte qu’elle n’est pas préfecture de département, contrairement à ce que l’on pourrait penser si facilement. Un comble pour la seule ville qui dépasse les 100 000 habitants dans toute la région et qui réunit aujourd’hui le centre hospitalier régional universitaire, l’Université, la Cour d’appel ou encore le Tribunal de Grande Instance. Cependant je ne te cacherai pas qu’en dehors de Reims, la région n’est que calme et volupté. Des champs de blés, des vignes d’où provient ce précieux vin pétillant connu dans le monde entier, des forêts, des vestiges de la Première Guerre Mondiale et rien d’autre. Un conseil, vérifie tes vaccins, prends ton passeport et tes masques hygiéniques, les Ardennais et les Axonnais sont voraces… Leurs contrées sont hostiles et pense même à te munir de quelques francs pour vous sortir de situations difficiles. Un rappel : en dehors de Reims, les téléphones portables n’ont du réseau qu’une fois sur dix : prudence donc !
Autrefois surnommé la Belle Endormie, « Reims la hautaine » qui se targue d’avoir pour devise Dieu en soit garde, se réveille depuis quelques années par une opportunité qu’elle a su saisir à pleines mains : l’arrivée du TGV Est en juin 2007. Depuis les projets phares se multiplient pour attirer la bourgeoisie parisienne : Gare de l’Est – Reims en 45 minutes, voilà qui laisse rêveur. La mairie veut charmer : ouverture de médiathèques, réfection du centre-ville et du parvis de la cathédrale, mise en chantier d’un tramway, développement de liaisons aériennes avec Toulouse, Nice ou encore Londres, extension des zones piétonnes et des espaces verts, rénovation des anciennes Halles. La ville des sacres veut séduire la population parisienne en misant sur la « qualité » de vie, mais au fond qu’y a-t-il vraiment à Reims ? Eh bien une fois que tu auras visité la cathédrale véritable chef-d’œuvre de l’art gothique flamboyant, fait un petit tour en centre-ville et visité une des nombreuses caves de champagne, il faut bien l’avouer, il ne reste pas grand chose… Tu auras le choix de te promener sur la fameuse place Drouet d’Erlon remplie de restaurants et bars en tout genre mais complètement déserte dès que la nuit est tombée ou bien encore de visiter le cryptoportique romain, conservé quasiment intact depuis 2 000 ans. Finissons par une citation de Jean de La Fontaine : « Il n’est de cité que je préfère à Reims : c’est l’ornement et l’honneur de la France ». Séduira-t-elle l’élite parisienne ?
Alors oui, vivre à Reims est déjà mieux que vivre à Bagnères-de-Bigorre ou au fin fond de la France. Mais qu’y a-t-il vraiment pour un homme en manque de loisirs ? Pas grand chose, à part deux-trois discothèques à l’ambiance mortuaire remplies de quinquagénaires prêts à sauter sur la moindre portion de viande fraîche. On pourra aussi citer le parc de la Comédie ou le parc Léo Lagrange, véritables endroits glauques par excellence où les homosexuels se font passer à tabac lorsqu’on les surprend à essayer de tirer leur coup dans les buissons avec leurs confrères une fois la nuit tombée. A part ça, la population rémoise semble résolument muette sur le sujet ; « Reims la bourgeoise » semble se figer derrière ses murs de pierres solides d’hôtels particuliers lorsque viennent les questions d’évolutions de la société. Non pas que je veuille que Reims devienne la ville gay du monde, non pas que je veuille trémousser mon arrière-train sur les dancefloor locaux tous les samedis soirs et aussi mais surtout je préfère faire l’amour dans un lit bien douillet que par -10°C dehors à la va-vit ; j’aimerais vivre dans une ville où la tolérance serait mise en avant, où les gens se mêleraient de ce qui les regardent. Une ville à la mentalité évoluée, une grande ville en générale : Paris, Londres ou encore Bruxelles. En espérant avoir la chance d’y vivre un jour, pour pouvoir tenir la main de celui que j’aime et l’embrasser quand je le souhaite et ce, n’importe où, sans jugement de la part des gens, même si ce n’est qu’en apparence…