C’est avec l’envie de découvrir une nouvelle contrée que je me suis envolé récemment à destination d’un pays dont la réputation n’est pourtant pas des plus flatteuses… Le secret bancaire, l’importance du secteur financier et sa place dans l’évasion fiscale ont contribué à l’image vraiment négative du plus bel exemple de confédération au monde. Vous l’aurez compris, j’ai pris place dans un avion à destination de la Suisse et plus exactement au bord du lac Léman. Tout d’abord, ce qui frappe c’est la rapidité du transport aérien qui a mis à peine 50 minutes pour relier Roissy Charles-de-Gaulle à l’aéroport de Genève, ce qui représente autant de temps que pour faire un aller en TGV entre Reims et Paris… Une fois arrivé à destination, rien ne laisse présager que l’on ne se trouve plus en France. Les panneaux d’information sont rédigés uniquement en français, les étiquettes des magasins de l’aéroport le sont également. Mais la réalité s’impose quand il s’agit de régler des achats, en francs suisses évidemment ! Une certaine nostalgie s’empare alors du jeune voyageur français qui se rappelle alors le bon vieux temps où il payait son pain au chocolat ou son ticket de bus en franc français… Un autre élément attire l’attention du visiteur : la diversité des coupures proposées dans les distributeurs automatiques : 20, 50, 100, 200, 500 et surtout 1.000 francs, ce qui correspond grossièrement à près de 800 euros ! Premier indice semé sur la route de la découverte d’une autre culture, dans le pays d’Europe réputé pour son opulence et la cherté de sa vie quotidienne.
Après avoir fait une escapade d’un jour à Evian-les-Bains et Thonon-les-Bains de l’autre côté du lac Léman, le soleil s’est enfin levé et le paysage s’est dévoilé à mes yeux… Un constat s’impose rapidement : la nature a créé un espace fantastique en conjuguant le calme et la beauté d’un lac paisible à des montagnes abruptes, parfois enneigées, dont les sommets donnent l’impression de chatouiller les rares nuages dans le ciel. Pour le visiteur habitué à l’absence de relief évident de la plaine de Champagne ou du « plat pays » belge, le contraste est saisissant. Encore plus quand les rares souvenirs de véritables montagnes – à savoir ces mêmes Alpes – remontent à plus de dix ans et étaient restés vagues dans l’esprit d’un enfant à l’époque. Dans un tout autre domaine et sous un aspect relativement choquant pour un étranger, la Suisse est un pays où règne en maître la délation. Tout voyageur d’un train, d’un bus ou d’une rame de métro, non-muni d’un titre de transport valable, peut être « dénoncé » par un autre et se voir infliger une amende. De même, il existe en Suisse un système de distributeurs de journaux similaires à celui des USA mais dont l’accès est libre. Le citoyen doit introduire quelques francs pour « obtenir » le droit d’en prendre un. En cas de fraude, l’amende peut s’élever à une centaine d’euros, souvent sur dénonciation d’un voisin ou d’un passant ! Et le système semble fonctionner à merveille, à croire que personne ne fraude dans la confédération helvétique. Cet aspect me rappelle avec nostalgie, la mentalité des pays scandinaves où les passants attendent gentiment le passage du feu tricolore au vert pour s’engager sur le passage piéton, alors qu’aucun véhicule n’est visible à l’horizon.
La partie la plus plaisante d’un voyage à l’étranger réside sans aucun doute possible dans la visite d’un supermarché local, à la recherche des produits inconnus, de marques jamais aperçues auparavant, d’associations d’aliments assez peu fréquentes dans nos contrées, etc. D’ailleurs, la Suisse constitue véritablement un paradis sur Terre pour tout amateur de chocolat au lait : les rayons y débordent de Frey, Lindt, Cailler, Toblerone et autres qui rivalisent d’ingéniosité pour vendre leur précieuse production cacaotée. Laquelle finit rapidement dans votre panier ! Il fallait bien ça pour se réconforter du dénivelé très important que proposent toutes les villes placées au bord du lac Léman. Une semaine en Suisse vous assure un dérouillement complet de vos cuisses et fessiers sans aucun abonnement dans une salle de fitness ! Et si la fatigue vous guette, vous pourriez même dormir à même les trottoirs de Lausanne ou de Montreux, tant les rues sont propres et bien entretenues, sans aucune déjection canine si chère aux trottoirs français ou sans papiers gras si nombreux sur les trottoirs belges. La propreté des voies publiques et des trains est époustouflante même si je n’ai pas réussi à savoir si elle provenait d’un réel civisme de la population ou bien de services communaux très compétents… Peut-être qu’un certain parti politique français aurait à apprendre d’un pays dont la balance commerciale est excédentaire, même avec la Chine et où près de 22 % d’immigrés contribuent à faire de ce pays l’un des plus riches et les plus développés au monde ?