Il y a juste quelque chose d’indescriptible à propos de New York. Cette impression de connaître cette ville par cœur même si l’on vient juste d’y arriver, tellement ses moindres recoins ont été filmés et mis en scène un nombre incalculable de fois, dans des films, des séries télévisées, ou des documentaires. En une semaine passée à New York, on croise facilement une dizaine de tournages dans les rues, et quelques célébrités qui essaient de mener une vie paisible parmi le brouhaha ininterrompu de la ville. On se dit que l’on connaît cette ville de A à Z et il n’y a vraiment pas besoin d’avoir le nez constamment rivé sur un plan. Ceci est encore plus vraie sur l’île de Manhattan où l’Empire State Building, le Chrysler Building, Broadway ou la 5ème Avenue, deviennent « juste » réalités lorsqu’ils se retrouvent dans notre champ de vision. La ville de New York est aussi la ville où règne le désir de vivre à l’européenne, en témoignent les nombreuses épiceries fines qui proposent madeleines de Commercy, parmesan, ricotta ou beurre d’Isigny, à des prix certes peu démocratiques. New York est définitivement tournée vers l’Europe, impression que l’on retrouve en croisant certaines femmes qui, probablement influencées par Sex and the City ou Le diable s’habille en Prada, arborent des tenues dignes de défilés de mode, où chaque vêtement ou accessoire est griffé d’une célèbre marque, bien souvent française ou italienne.
New York c’est la ville où l’argent coule à flots, les dollars s’accumulent dans les portefeuilles ou les tiroirs de caisses, les cartes de crédit sont swippées à vitesse grand V, les comptes en banque débités aussi vite qu’ils ont été approvisionnés. Il est impossible de ne rien acheter pendant une journée dans cette ville, symbole des États-Unis, mais aussi de la consommation à outrance à l’américaine. Après avoir quitté la partie moderne de la ville et ses interminables gratte-ciel, le contraste est de taille lorsque l’on pénètre dans les quartiers plus calmes et plus anciens de Greenwich Village ou de SoHo, aux fausses allures de banlieue britannique paisible et cossue. Malgré ces différences, on comprend aisément pourquoi New York a tellement fait rêver des générations entières et continue à être le lieu où l’on imagine que tout est possible. Il n’y a pas un seul endroit de la ville qui s’arrête de vivre, on croise constamment quelqu’un, qu’il soit 2 heures de l’après-midi ou 3 heures du matin, un magasin ou une pharmacie est toujours ouverte à un coin de rue. Dès lors, on peut aisément comprendre le choc et le retentissement qu’a pu constituer l’effondrement des Twin Towers du World Trade Center et l’on ne peut surtout pas s’empêcher d’avoir une pensée pour tous les gens qui ont tragiquement perdu la vie, quand on se retrouve face à Ground Zero, même si les travaux de reconstruction ont d’ores et déjà bien avancé.
Bien que New York possède d’énormes avantages, comme toute métropole de rang international telle que Paris, Londres ou Moscou, les gens semblent obnubilés par leur travail et par le temps qui passe sans qu’ils ne puissent l’arrêter. Résultat, cette ville donne aussi l’impression d’être vide. Vide de sens, vide de réflexions. Les êtres humains y affluent des quatre coins du monde, s’engouffrent dans les bouches de métro, hèlent des taxis, prennent un café à la va-vite sur un coin de table, avalent leur sandwich en un quart d’heure lors de leur pause-déjeuner et finissent leur journée comme ils l’ont commencé, c’est-à-dire, seul. Une fois que la musique assourdissante d’un célèbre magasin de la 5ème Avenue s’est éteinte et que les portes du magasin ont été bouclées, que reste-t-il, si ce n’est la solitude pour flâner sur les trottoirs d’une ville qui ne s’arrête jamais de vivre ? New York vit, bouge, chante, respire, exalte. Elle ne s’arrête jamais, contrairement à un corps humain, qui a besoin de repos tôt ou tard. Il n’en reste pas moins que New York est une ville riche, économiquement, culturellement et historiquement. Sa place sur la scène internationale n’a jamais été inquiétée et ne le sera probablement jamais, même avec le développement de nouveaux géants comme la Chine ou le Brésil. Après de sombres heures, la ville qui symbolise le mieux « la capitale du monde » a pansé ses plaies et rayonne incontestablement plus que jamais.