On peut facilement assister à de très belles réalisations cinématographiques, qu’elles soient généreusement aidées par des millions de dollars ou une cascade d’effets spéciaux. Cependant délicate serait alors la tâche de dresser une liste exhaustive des meilleurs films réalisés depuis les tous premiers débuts de cette merveilleuse invention des frères Lumière. En effet, sur quels critères faudrait-il se baser ? Les entrées au box-office ? Les récompenses telles que Palme d’Or, Oscar, César, Ours d’or, Golden Globe et bien d’autres encore ? Même si le cinéma mérite amplement son titre de Septième Art, il n’en reste pas moins qu’un constat s’impose : un film, aussi bon soit-il, ne parviendra jamais à procurer autant de sensations qu’un livre. Chacun d’entre nous a au moins éprouvé ce sentiment une fois dans sa vie de lecteur ; celui d’être saisi par la qualité de l’écriture d’une œuvre littéraire, et en oublier le temps qui passe. S’abandonner au fil des pages. Allant parfois même jusqu’à renoncer à de longues heures de sommeil pour enfin connaître le dénouement de cette tragédie classique, de ce roman d’aventures, ou tout simplement de cette banale histoire d’amour intemporelle. Là où quasiment tous les éléments sont apportés sur un plateau au spectateur d’un film, un livre fait appel à l’imagination du lecteur pour construire l’aspect « visuel » de l’œuvre. C’est bien là que réside sa grande richesse. La description d’un paysage ou d’un personnage, aussi précise soit-elle dans un paragraphe, donnera lieu à une multitude de possibilités si l’on en venait à demander aux lecteurs de représenter ce qu’ils ont lu.
S’il existe une autre expérience culturelle sans doute inoubliable, il s’agit d’une représentation d’opéra. Malheureusement, l’opéra continue, à tort, d’être catégorisé comme une distraction élitiste, où beaucoup se rendent uniquement pour se montrer parés de leurs plus beaux atours, et non pas par un goût réel pour la musique ou une œuvre musicale particulière. Il m’a été donné hier soir la possibilité d’expérimenter la qualité de la programmation du Théâtre Royal de la Monnaie, aussi connu sous le nom de Koninklijke Muntschouwburg, grâce à des places obtenues pour The Rake’s Progress, opéra composé par Igor Stravinski. D’une manière générale, les meilleures représentations d’opéra atteignent des summums en ce qui concerne la qualité de la musique, liée à la maîtrise de l’orchestre et l’acoustique de la salle, aux prouesses vocales des sopranos, ténors, contraltos et basses, sans oublier la richesse des costumes et l’originalité de la mise en scène. Qui se donne l’occasion d’aller à l’opéra pour la première fois doit abandonner ses préjugés, et ne doit pas avoir peur d’en franchir les portes, afin de profiter d’un spectacle inouï où, dès que la lumière s’éteint et les musiciens se mettent à frotter les cordes de leurs archets, l’émerveillement est au rendez-vous. Bien que la plupart des opéras mettent en scène des tragédies, quiconque sort de la salle, se retrouve dans un état d’exaltation totale. Il est simplement difficile de trouver le juste mot pour décrire les quelques trois heures que l’on vient de vivre.
Non content d’avoir retrouvé le chemin d’une salle prestigieuse et renommée, j’ai pu faire profiter un nouvel ami d’une place gratuite, et par la même occasion tenter le pari risqué de lui faire apprécier un domaine culturel qui ne demande qu’à s’ouvrir au jeune public. Non content, d’avoir été littéralement fasciné, subjugué et finalement conquis par ma récente soirée, j’ai d’ores et déjà décidé de profiter pleinement de la saison 2009-2010, en ayant réservé des places en décembre pour la représentation d’Iphigénie en Aulide, opéra composé par Gluck. Gageons que le plaisir reste intact devant une œuvre totalement différente, avec pour trame de fond les prémices de la guerre de Troie, quand Agamemnon dut sacrifier sa fille Iphigénie à la déesse chasseresse Diane, alors que celle-ci était promise à Achille. En dehors de l’opéra, je vais enfin profiter d’une semaine de congés bien mérités, après avoir travaillé pendant plus d’un mois. Mon premier rapport de stage est extrêmement positif, tant sur la qualité que sur la quantité de travail que j’effectue, mais aussi sur mon intégration à l’équipe. Néanmoins, il reste quelques petits points à améliorer afin de donner encore plus le meilleur de moi-même. Le retour à la modeste vie d’étudiant en troisième année de bachelier en traduction et interprétation risque d’être difficile en février mais il reste encore trois bons mois pour profiter encore pleinement de cette expérience qui est déjà inoubliable.