Un de mes meilleurs amis à Bruxelles m’a récemment fait découvrir Françoise Sagan, que je ne connaissais que de nom auparavant. Au fil des pages se dessine le portrait d’un écrivain qui ne semble n’avoir jamais réellement trouvé le bonheur dans sa vie autrement que dans une consommation excessive d’alcool et de drogues, dans des dépenses inconsidérées et infinies, dans une peur incommensurable de la solitude. Cet éternel besoin d’être constamment – mal ? – entouré se retrouve chez la majorité des êtres humains, qui préfèrent à l’amitié sincère et véritable, celle d’un ami que l’on appelle uniquement pour ne pas être seul. Ou bien encore, ceux qui préfèrent l’éphémère d’un amant volage, plutôt que la compagnie d’une personne que l’on aime vraiment, malgré les compromis et les concessions, dans les moments de bonheur, comme dans les moments plus difficiles. Au cours de la vie, nous sommes amenés à rencontrer de nombreuses personnes, qui deviendront de fidèles alliés prêts à partager joie et peine ou bien qui resteront de bons souvenirs dans un coin de notre mémoire. Ou encore qui disparaîtront à tout jamais de notre esprit, comme si elles n’avaient jamais existé. Il est difficile de savoir sur qui nous pouvons réellement compter à un instant précis. Quel serait l’ami qui n’hésiterait pas une seconde à se lever au beau milieu de la nuit pour te venir en aide ? Quelle serait l’amie qui t’apporterait son épaule et sa compassion face à un chagrin d’amour ?
On aime à croire que l’on possède des centaines d’amis sur son compte Facebook, dans son répertoire de téléphone portable ou toujours quelqu’un à qui parler sur son compte MSN, mais au fond n’est-il pas illusoire de penser que tous ces gens tiennent vraiment à nous et s’intéressent à nous pour ce que nous sommes et non pas ce que l’on représente ? La jeunesse et la beauté sont tout aussi attrayantes que l’argent et le statut social, mais aident-ils à rendre meilleurs et plus intéressants ? Visiblement Françoise Sagan ne l’a compris que bien trop tard dans une vie faite de relations tumultueuses, de profiteurs, d’une certaine forme de décadence et de vie hédoniste, motivée principalement par l’insouciance et la recherche du plaisir provisoire. La vie est un éternel recommencement, un peu comme si nous n’apprenions véritablement jamais de nos propres erreurs. Il faut sans cesse repartir au début, qu’il s’agisse de nos études, de notre travail ou de nos relations amoureuses. Malgré toutes ces épreuves, il reste les êtres humains sans doute les plus importants dans notre vie, à savoir notre famille et nos plus chers amis, qui se comptent bien souvent sur les doigts de la main, parfois même les doigts d’une seule main. Avec eux, nous pouvons rire, pleurer, être désinvolte, ne se soucier que peu de choses ; s’oublier un peu dans un monde qui est définitivement bien trop en mouvement pour qu’on puisse en comprendre le moindre rouage.
Il est d’ailleurs assez difficile de savoir pourquoi Bruxelles arbore aussi souvent un ciel gris, au plafond nuageux relativement bas. Ce qui n’empêche pas dans un moment de mélancolie – probablement lié à ce type de temps – de profiter du tout nouveau système de vélos proposés en libre service répondant au doux nom de Villo. Parcourir à vélo les longues avenues de la capitale belge permet de découvrir quelques chefs-d’œuvre de l’architecture auxquels on ne fait d’ordinaire guère attention à bord d’une voiture ou d’un tram. Cependant, il est vraiment dommage que les communes d’Etterbeek, d’Ixelles et d’Uccle, ne veulent pas installer de bornes sur leur territoire, alors que celles-ci concentrent beaucoup d’activités et de lieux de sorties de la capitale. Toutefois, il est important de souligner qu’il n’y a rien de plus libérateur que de se balader sur un vélo sans but précis, de se laisser aller à la découverte de rues où nous ne serions jamais passé autrement. On en profite pour se dire qu’on a évolué, pour réaliser ses propres erreurs, comprendre pour avancer, mais au final, revient toujours cette état de fait. Une fois que les amis ont passé la porte et sont rentrés chez eux, une fois que le travail est terminé en temps et en heure, une fois que la famille a raccroché le téléphone : il n’y a plus personne. Cette pesante solitude apparaît comme étant dans la nature première de l’homme. Nous cherchons tous à nous voiler la face, mais elle est bel et bien présente et nous mourrons avec elle aussi.