Il m’est de plus en plus insupportable de sortir dans les rues de la capitale belge à cause d’un facteur important à mes yeux : la propreté, ou plutôt son contraire. Il est quasiment impossible de faire 100 mètres sans rencontrer une dizaine de détritus jonchant les trottoirs ou les caniveaux, et non pas de simples papiers, mais aussi des bouteilles plastique, des canettes, des journaux ou même plus récemment des sacs poubelles qui restent pendant près d’une semaine sur la voie publique. Triste constat pour la prétendue capitale d’une Europe qui se vante de mettre la protection de l’environnement dans ses principales priorités. N’oublions pas non plus les déchets qui s’accumulent sur les poubelles scellées du métro, pour d’évidentes raisons de sécurité, lors des sommets européens ou de réunions de ministres des différents pays de l’Union. Est-ce que les gens qui aiment à mettre leur bouteille de soda vide sur une poubelle fermée ne peuvent pas attendre de sortir du métro et de la jeter dans une poubelle vide ? Et quand bien même une poubelle serait pleine, quel est l’intérêt de constituer une sorte de château de cartes qui s’envolera dès la première brise et polluera une fois de plus les trottoirs déjà bien peu entretenus de Bruxelles ? Promenez-vous également dans les bosquets surplombant la gare du Luxembourg, juste devant le Parlement Européen : des dizaines de papiers, de bouteilles en plastique, de canettes vides, de bouteilles en verre, de paquets de chips vides : constat accablant et surtout affligeant.
Vient ensuite un élément bien plus subjectif : il me semble particulièrement dommage de raser des anciennes maisons bourgeoises de caractère pour y construire des immeubles sans aucune âme, comme par exemple dans le prolongement de la rue Belliard, juste avant de rejoindre le parc du Cinquantenaire. Le quartier européen est pour moi l’exemple type de raté magistral de politique urbaine : cet ensemble n’a aucun charme et se résume à un défilé d’immeubles de bureaux tout plus gris les uns que les autres, où aucun arbre n’a été planté dans les rues, où les commerces ne fonctionnent que pendant le temps de midi et qui est tout bonnement un quartier désert après 18 heures. Petit point positif cependant, l’immeuble d’une célèbre compagnie française d’assurances qui arbore une façade claire aux vitres colorées apporte un peu de clarté dans ce quartier si monotone, preuve qu’on peut allier modernité et esthétisme ! A plus d’un titre, Bruxelles apparaît comme une ville froide à tout visiteur qui débarque par la Gare du Midi grâce à son Eurostar, son Thalys ou encore son TGV, dans une gare mais aussi un quartier sombre, gris et poussiéreux. Sans oublier les milliers de tags qui s’accumulent sur les bâtiments publics comme privés de la ville et qui enlaidissent particulièrement le paysage urbain. A plus d’un titre, je me demande si un renforcement des équipes de police ne serait pas bénéfique pour lutter contre les incivilités vis-à-vis de l’environnement, des personnes mais aussi à celles commises contre les bâtiments.
Ces deux éléments se retrouvent conjugués à deux endroits pour moi : l’Avenue de la Toison d’Or et la Rue Neuve où des églises centenaires côtoient d’affreuses conceptions dignes des pires architectures communistes ou soi-disant « modernistes ». Baladez vous un samedi après-midi sur ces deux artères et vous devrez éviter soigneusement les nombreux résidus en tout genre qui jonchent le sol, sans oublier les déjections canines. Promenez-vous dans le Parc du Cinquantenaire en ce moment : les bourgeons éclosent, la pelouse reverdit, les oiseaux roucoulent allègrement, le soleil réchauffe une nature endormie. En un mot, le printemps refait son apparition. Sur fond d’un « sublime » arc-en-ciel composé de rouge Cola et Jupiler, d’orange Minute Maid, de bleu Pepsi, de jaune Cécémel si endémique de Belgique, de doré ou de noir de célèbres barres chocolatées, de vert foncé Metro, de blanc cornets de frites bien huileux, sans oublier parfois le translucide des préservatifs usagés qui s’accumulent par endroit. On pourrait presque recréer toute la palette d’un artiste impressionniste. Ne soyons pas si négatifs pour autant et levons un peu la tête : admirons le magnifique ciel et les branches d’arbres transformées en « œuvres d’art » par des sacs plastiques gonflés par le vent. Il s’agit d’un bilan peu glorieux pour la capitale de la Belgique. A quand une véritable politique répressive face à ces incivilités quotidiennes ? Est-ce un problème d’éducation de toute une population ou bien un manque de moyens financiers de la part des communes de la région de Bruxelles Capitale ? En attendant, la crasse s’accumule un peu partout.