Il y a des jours comme ça où tout semble ne pas sourire. Le ciel est gris, l’air est humide, la morosité t’envahit. Le téléphone portable présent sur le bureau reste désespérément muet et malgré tes appels, aucun de tes amis ne répond présent. Finalement, dans l’esprit de te changer les idées, tu prends ton courage à deux mains, ouvre votre parapluie et te rends au cinéma. Le cinéma, un des rares endroits où le rêve et le romantisme existent encore – à la sauce Hollywoodienne bien sûr. Qui n’a jamais rêvé de vivre des moments tels que Jack Dawson et Rose DeWitt Bukater, tous deux insouciants, brisant les interdits de l’époque, alors que leur paquebot s’apprête à couler ? Qui n’a pas frémi devant l’amour impossible auquel se livraient Roméo Montaigu et Juliette Capulet et qui se termine de manière si tragique ? Cette fois-ci, je décide de me rendre à la séance d’un film semi-biographique sur la vie de Jane Austen et d’une présupposée romance qui dura pendant sa vie entière. Et même si tout ceci ne reste que pure fiction portée à l’écran, il n’en demeure pas moins que l’amour qu’elle portait à cet homme, nommé Tom Lefroy, était magnifique par son authenticité, singulier par sa forme et véritable par la passion que Jane Austen semble avoir connu pendant le reste de sa vie. Il en serait même paradoxal de penser que cette femme, insoumise aux moralités et à la bienséance de son époque, soit finalement restée abaissée à un amour qu’elle ne pouvait que garder dans son cœur.
« The greatest love stories are the ones we keep in our heart because they last forever« . A bien y réfléchir, il semble réaliste de dire qu’en effet, les plus belles histoires d’amour restent celles que l’on garde pour toujours dans son cœur. Peut-être est-ce dû à une certaine idéalisation de ce qui n’a jamais éclos au fil du temps ou bien à un sentiment universel que chacun d’entre nous a éprouvé au moins une fois dans sa vie. Je n’ai jamais eu la chance de pouvoir vivre une véritable histoire avec quelqu’un et il m’arrive souvent de repenser à ces garçons dont je suis tombé amoureux mais chez qui je n’ai rien provoqué d’autre qu’une sorte d’indifférence. Leur arrive-t-il de repenser parfois à moi, aux moments que nous avons passés ensemble ? Subsiste-t-il un doute dans leur esprit d’avoir peut-être fait le mauvais choix ? Non pas que je pense être un modèle de perfection, indispensable à n’importe quel homme – loin de là – mais suis-je vraiment fait pour apporter une part de bonheur à quelqu’un ? Tel Jane Austen passerai-je ma vie seul, fidèle à une romance qui ne semble pas pouvoir partir de mon cœur ? Au fur et à mesure que le temps a passé, que les jours se sont écoulés, que les semaines ont défilé, ce sentiment de solitude amoureuse s’est renforcé en moi, et ce, depuis déjà quatre ans maintenant. Être seul est-il le prix à payer pour avoir toujours été comblé par les bienfaits de la vie, depuis les Noëls croulants de cadeaux jusqu’aux voyages au bout du monde ?
J’aimerais pouvoir partager les années ma jeunesse aux côtés de quelqu’un qui m’aimerait. Découvrir Bruxelles et Amsterdam, le Japon, la Louisiane, la Californie ou encore le Québec, main dans la main avec un homme qui n’aurait pas peur de s’engager. Est-il si difficile de nos jours de pouvoir entendre un « Je t’aime » ou même ne serait-ce qu’un « Je tiens à toi » ? Après tout, il est indéniable d’affirmer que baiser sauvagement dans le sous-sol d’un bar glauque semble être plus en vogue parmi la population homosexuelle. Il me prend parfois l’envie de répandre un virus d’un type nouveau, nommé Love.exe, de manière à ce que le monde arrête de se complaire dans la consommation de rencontres, nouvelles ou non, amicales ou sexuelles, le tout à outrance, sans jamais trop savoir pourquoi. L’amour demande du temps, des efforts, des compromis et il constitue ce que Mademoiselle Austen avait décrit, au tout début du XIXème siècle, comme un bouton de rose fragile à qui il faut offrir patience et soins pour qu’il puisse finalement éclore et libérer toute sa splendeur et son enivrant parfum. Le problème actuel reste que chez n’importe quel fleuriste, la rose se fait de moins en moins sublime et son parfum de plus en plus éphémère, pour ne pas dire totalement absent.