Il était une fois, Mère Ségola qui nous avait promis le beurre et l’argent du beurre. Paysanne et mère de plusieurs enfants, originaire de la région Poitou-Charentes, cultivant le goût des choses simples, elle avait pourtant voulu se lancer dans la conquête des palais dorés de la capitale. De l’argent et de la croissance pour tous, du bonheur en tablettes de chocolat, de la bonne humeur dans les boîtes de camembert – pour ne pas dire de Vache qui rit – Mère Ségola se voulait généreuse, peut-être trop même. Eh oui, elle proposait que nous nous aimions les uns et les autres ou encore de voter en sa faveur pour aller courir dans les champs avec elle, tablier et pot de lait en main. Naïve, innocente et sure d’elle, rien ne lui faisait peur. Portée par une vague populaire mais délaissée par les siens, notamment Dominique, Laurent et François, Mère Ségola se dressa vaillamment contre ses détracteurs. Mais Frère Nico, preux chevalier, se dressa sur son chemin, prêt à livrer bataille contre tout ennemi, prêt à bouter hors de notre Sainte Terre sacrée, la cohorte de méchants envahisseurs sans papiers – de préférence polonais ou maghrébins. Mais loin d’être seul, Frère Nico reçut le soutien de ses amis : Johnny, Mireille, Tina, David et tous les autres ménestrels. Écumant la campagne française sur leurs fidèles destriers, cette joyeuse bande de copains fut bientôt rejointe par les ministres pressentis à la tête des ministères de la Culture, de l’Éducation, et des Finances : Squeervy, Dog Pétardo et Bernard Flouzie.
La France, ce pays aux caisses vides, au prestige fragilisé et à l’industrie disparue, devait retrouver l’espoir de nouveaux jours ensoleillés, grâce notamment au réchauffement climatique qui allait s’accentuer encore plus durant le prochain quinquennat. Mais entre socialisme vieillot et droite populaire décomplexée, le destin semblait inévitable. En voulant retrouver les jours de gloire de l’ex Nouvelle-France, elle appela à l’indépendance du peuple québécois. Môdzi tabarnak, mé kessé ki t’as pris là Ségol’ ? Puis dans les contrées d’Extrême-Orient, elle arbora la couleur du deuil sur la Grande Muraille pour mieux montrer sa joie de parler aux dirigeants de l’Empire du Milieu. Malheureusement, Frère Nico avait noué de solides liens d’amitié – et de portefeuille – avec ses grands amis financiers du royaume de France. Quelle chance inouïe d’avoir pu jouer à colin maillard avec les garçons qui allaient devenir les seigneurs à la tête de TR1, France 6, Lapardère, Bouigue, ou encore Le Beaumarchais. Pendant ce temps, Mère Ségola était bien seule, gardant la tête haute et son tailleur parfaitement coupé. Le continent européen regardait attentivement le déroulement des évènements mais une fois de plus, Mère Ségola fut malchanceuse quand Tony, Georges, et Angela serrèrent la main de Frère Nico.
L’hymne national retentissait dans chaque carrosse et salle de bal, les troubadours poussaient la chansonnette encore plus souvent et le drapeau national retrouvait un prestige inégalé depuis des décennies. Fini les scrupules sur la France morose et souffrante, le peuple était plus que jamais prêt à dire merde à Bruxelles, à creuser le déficit, à dépenser à crédit, à aimer le luxe, à travailler plus pour gagner plus : désormais la France retrouvait presque un nouveau souffle, prête à s’unir devant un nouveau chef, après douze années passées où les yeux étaient rivés sur l’opération Écus Jaunes et la griffe de la bourse qu’arborait fièrement Bernadette à chacune de ses visites au sein du royaume. Plus le temps passait et plus Mère Ségola faisait figure de perdante face avec ses envies de taxer les bourgeois pour redonner à la populace. Cependant nul ne doute qu’elle aura plus de chance une prochaine fois avec des solutions plus justes, en proposant une réponse économique adaptée à la situation actuelle de notre Royaume. En effet, beaucoup de petits papiers portants son nom se sont échappés vers Frère Nico ou sont devenus blancs, déçus des idées d’un socialisme ringard mais ne sont pas partis à droite pour autant ni pour toujours.