En ce début du mois d’avril et après avoir passé quelques jours en Finlande, j’ai pris la route de la Russie pour me rendre à Saint-Pétersbourg et à Moscou pour près de deux semaines de vacances. Après avoir passé la frontière, visa russe en poche, ce qui frappe aux premiers abords c’est le peu d’importance laissée à l’environnement aux bords des routes russes : pneus usagés, anciens réfrigérateurs, bouteilles plastiques, et autres détritus en tout genre jonchent allègrement le bas côté. Passé le premier aperçu peu glorieux, la banlieue de Saint-Pétersbourg ressemble à une longue avenue où se dressent des immeubles d’une trentaine d’étages, souvenir d’une époque communiste pas si lointaine encore. Vient ensuite le cœur même de la ville, voulue par Pierre le Grand comme une ouverture sur l’Europe. C’est un fait Saint-Pétersbourg regorge d’Histoire. Par la quantité de monuments aux façades néo-classiques et des couleurs chatoyantes tout d’abord, et ensuite par la richesse et l’importance de ses musées – dont le célèbre Ermitage – où les œuvres des plus grands artistes ont élu domicile, de Monet à Michel-Ange, en passant par Van Gogh, Picasso, Van Dyck, Poussin, et autres artistes non moins célèbres. S’en sont suivies des visites d’endroits non moins célèbres comme la Cathédrale Saint-Isaac, l’église du Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, le Palais de Catherine II à Puskhin et sa célèbre Chambre recouverte entièrement de morceaux d’ambre.
Puis est venue Moscou, capitale de la Russie actuelle. Même si la neige a été de la partie pendant les moments passés dans cette ville, Moscou n’a pas le charme de Saint-Pétersbourg. Profondément communiste dans son architecture et incendiée en 1812 pour éviter le ravitaillement de Napoléon, la ville ne possède guère de monuments remarquables historiquement parlant. La Place Rouge et ses abords se sont transformés en zone ultra-sécurisée où l’on croise un policier tous les 50 mètres. Sans compter sur le métro où 4 policiers surveillent chaque station et où un homme en civil reste dans chaque wagon. Même à l’entrée d’un restaurant, d’un théâtre ou d’un centre commercial se dressent portiques de sécurité et l’on effectue parfois même une fouille corporelle si par malheur vous avez fait biper l’alarme ! La tension est palpable, le régime de Vladimir Poutine n’oublie pas les récents attentats et prises d’otages. Là où le salaire moyen russe s’élève à 200 euros par mois, les traditionnelles galeries marchandes d’épiceries se sont transformées en avenues du luxe où Dior, Louis Vuitton, Hermès, et autres peuvent séduire la « clientèle ». Résultat, ces galeries sont désertes, faute de clients fortunés. Étonnamment, pour un régime supposé hautement anti-démocratique, jamais, à aucun moment, un policier n’a effectué un contrôle d’identité sur ma personne ! Enfin nous avions été prévenus que des policiers peu scrupuleux pouvaient nous contrôler et inventer un problème avec notre visa afin de vouloir nous emmener au commissariat, tout cela dans le but de nous extorquer quelques dollars si nous préférions rester tranquille. Dans ce cas là, il fallait tout simplement accepter de le suivre, ne pas se laisser intimider, et le menacer d’avoir l’immunité diplomatique et que nous devions contacter notre Ambassade au plus vite ! Système corrompu de partout quand tu nous tiens !
La Russie est aussi un pays où personne ne parle anglais – encore moins qu’en France, si, si, c’est possible – et commander un menu dans un restaurant, prendre le métro, comprendre le nom d’une rue, sont des challenges quotidiens ; l’alphabet cyrillique n’aidant pas vraiment ! Il n’empêche que ce voyage constitue des bons moments, des découvertes inouïes, et des expériences inédites. La soirée passée au théâtre Bolshoï à Moscou au son de la musique de Tchaïkovsky. La musique folklorique russe dans le palais Nikolaïevski de Saint-Pétersbourg. La forteresse Pierre-et-Paul et sa cathédrale où reposent tous les tsars de Russie, y compris Nicolas II et sa famille dont Anastasia, massacrés après la Révolution russe. Les hôtels où l’eau courante avait la couleur et la consistance d’une mousse au chocolat pendant 10 minutes avant de faire apparaître une eau à peu près « propre », du moins en apparence. La vodka servie comme boisson d’accompagnement dans les restaurants à la place de la traditionnelle eau ! Mais aussi, par-dessus tout, ce qui a frappé la plupart d’entre nous, habitants d’Europe de l’Ouest, ce sont les visages tristes et creusés de la population, qui a vécu sous le joug communiste et totalitaire et qui connait encore aujourd’hui un régime répressif, hostile à toute « excès » populaire. On trouve de l’Evian, du chocolat Milka, des préservatifs Manix, mais à des prix hautement excessifs pour la population russe de base. Le changement brutal à l’économie de marché commence à être patiemment digéré même si le système reste grandement corrompu, bref vous l’aurez compris : en Russie, tout va bien… mais tout va mal !