Le dimanche est le jour où tout être humain normalement constitué peut enfin prendre le temps de faire ce dont il a envie. Comme la plupart des magasins sont fermés, on ne peut généralement pas passer sa journée dehors, mis à part quelques exceptions comme les Champs-Élysées. Au mieux, on peut atterrir dans un cinéma à assister à la projection d’une bonne comédie romantique mielleuse ou d’un film d’auteur qui vous donne envie de vous jeter dans la Seine en sortant de la salle. Et comme si le dimanche n’était pas un jour suffisamment chiant comme ça, la télévision n’aide en rien, que ça soit sur M6 qui nous propose sa saga étalée sur 15 semaines, France 2 et Michel Drucker ou encore TF1 et Walker Texas Ranger. Heureusement, quelques chaînes du satellite et du câble nous offrent des programmes relevant un peu le niveau du paysage audiovisuel français dominical. Mis à part passer sa journée à glander devant la télévision, il ne reste pas plus d’options qui s’offrent à nous. A vrai dire avant, quand la France était un pays religieux, les fidèles passaient leur matinée à l’église et restaient assis à table tout l’après-midi à se remplir la panse : occuper son dimanche ne posait aucun problème. Disons qu’aujourd’hui se rendre à la messe est quelque chose que seules quelques grand-mères font encore, nous autres vaillants jeunes préférons généralement récupérer de nos dures semaines d’études acharnées – ou tout simplement passer la matinée à dormir, histoire de raccourcir un jour où il n’y a rien à faire, et de glander encore plus que d’habitude.
Le rare dimanche qui a une saveur particulière, c’est celui que l’on passe à se réveiller doucement, où l’on somnole sur fond de câlins jusque midi, puis quand l’un décide de se lever, d’enfiler quelques vêtements vite fait, puis de ramener quelques viennoiseries à la maison. Ce n’est pas non plus une obligation mais disons que ça brise un peu la monotonie des matins ordinaires de la semaine. Enfin une chose est sûre, que l’on soit célibataire ou accompagné, on échappe difficilement à Michel et son invité du dimanche sur France 2. Heureusement, j’ai la chance d’y échapper depuis près de huit mois et je dois dire que je ne m’en porte pas plus mal. Mais je commence à réaliser que ma vie en Suède ne ressemble à rien, mon week-end s’étend du jeudi soir au mardi midi, ce qui fait que je passe la plupart de mon temps à glander, à dormir, à boire – pas comme un trou non plus – et à manger, à être à droite et à gauche, à voyager, enfin bref à faire beaucoup de choses sauf à passer du temps dans une université. Croyez-moi si vous le voulez ou pas, mais depuis mon arrivée en Suède, j’ai pris près de 10 kilos. Quand j’ai raconté ça à mes semblables « Erasmusiens » francophones, on m’a souvent demandé : Mais tu les as mis où ? En fait, je me suis regardé dans un miroir à la recherche de ce qui avait changé et c’est surtout au niveau de la taille que commencent à apparaître des jolies petites poignées d’amour. Au secours Maman, je deviens gros ! Enfin même si ça ne peut que me faire du bien, je pense avoir toujours une large marge avant d’atteindre la surcharge pondérale.
A part ça, je commence à être un peu à l’étroit dans certains pantalons ou sous-vêtements de taille S. Entre Zhu, une étudiante chinoise, qui m’a fait gentiment remarquer que j’avais such a big ass en Laponie, et Penelopi, une étudiante grecque qui m’a mis la main aux fesses accompagné d’un « Wow nice ass !« , j’ai juste l’impression qu’une sphère inter-galactique de gens bien décidés à me faire complexer gravite autour de moi. Bien destiné à dire zut – je sais plus personne n’utilise ce mot – aux gens qui me font ce genre de remarques, j’ai entamé un régime 100 % sucre, dans lequel j’intervertis Häagen-Dazs et Ben & Jerry’s : on ne cesse de nous répéter de diversifier notre alimentation, donc j’alterne. Trêve de plaisanterie, je pense que je suis vraiment sur le point d’atteindre l’âge où il va falloir que je fasse attention à ce que je mange, enfin c’est-à-dire à surtout éliminer radicalement des marques comme Haribo et Lindt de mon régime alimentaire quotidien. Mais voilà que tombe à pic un voyage destiné à briser mon train-train suédois qui me mènera à Helsinki en Finlande, puis à Saint-Pétersbourg et Moscou en Russie du 2 au 11 avril prochain. A moi le pays des tsars, d’Anastasia et de la vodka. Je compte bien profiter de mon voyage dans le plus grand pays du monde, peut-être pas le plus grand du point de vue économique et défense des droits de l’Homme mais je n’en dirais pas plus pour le moment. Je ne tiens pas à rester à vie dans une prison russe. Je vous raconterai donc mon expérience russe à mon retour avec nombre de photos à la clé. En attendant je vous dis До свидания et vous abandonne pour quelques semaines.