Après des semaines et des mois de questionnement continu et de paris lancés – non pas sur qui sera le prochain président de la République française – mais sur le sexe du futur bébé de ma belle-sœur, la réponse est arrivée le 17 décembre autour de midi. L’heureux écrivain en herbe de ce site est donc désormais tonton d’une deuxième nièce. Eléonor est née tranquillement, affichant des performances exceptionnelles de 4,05 kilogrammes pour 50 centimètres qui font d’elle une charmante petite fille. Ainsi se profile déjà le gentil tonton gay qui va s’amuser à jouer aux Barbie et à raconter les belles histoires de princesses à ses deux petites nièces. Après tout, je n’ai jamais senti que j’aimerais avoir des enfants alors autant profiter de deux nièces toujours prêtes à me sauter dessus et à faire des bêtises sur les conseils avisés de l’honorable tonton. Peut-être est-ce dû à ma relative « jeunesse » mais je ne me sens pas de taille à élever un ou plusieurs enfants. Premièrement, il y a une vision égoïste – je le conçois – qui consiste à me dire qu’un enfant coûte cher et qu’il me faudra me priver de certains petits conforts comme renoncer à mes longues matinées passées à dormir. Et ensuite il y a l’impression que je ne serais pas à la hauteur du défi, d’avoir peur de faire quelque chose de travers et de faire pâtir cet enfant des problèmes qui pourraient m’arriver. Pour finir, il y a aussi ma vision personnelle des choses qui fait que deux hommes ne peuvent pas donner un environnement propice à l’épanouissement d’un enfant.
Car même si cet enfant peut recevoir tout l’amour possible du monde, il subira des railleries constantes à l’école et dans de nombreux endroits sur le fait qu’il habite avec « deux papas ». Comme un enfant devrait ne pas subir de handicap qu’il n’a pas pu contrôler, je ne veux pas être l’horrible bourreau qui lui aurait infligé une sentence sans lui demander son avis avant même qu’il voit le jour. Peut-être qu’avec le temps ma vision des choses changera, peut-être que la loi évoluera elle-aussi et qu’un homme saura changer mon avis sur la question. En attendant, je suis bien content d’avoir une nièce qui s’est exclamée « Ça va Maman, ma petite sœur est jolie, on peut la ramener à la maison… » lorsqu’elle a aperçu Eléonor pour la première fois à la maternité. Vivement que ces deux petites demoiselles grandissent un peu et que Tonton les emmène à Disneyland Resort Paris pour découvrir le monde merveilleux de la souris aux grandes oreilles. Tout compte fait, être tonton reste un bon plan : tes nièces t’adorent juste 15 jours par an et tu n’as pas à supporter les réveils intempestifs à 6 heures du matin le dimanche tandis que tu les couvres de cadeaux pour les grandes occasions. Tu laisses le bon soin à leurs parents de ramasser les morceaux de pâte à modeler qui ont atterri un peu partout sur le parquet ou la moquette, de partir à la recherche des perles dont la boîte s’est renversée pour la énième fois, mais surtout tu n’as pas à supporter le bruit du téléphone factice que tu leur as offert, qui clignote et bruite de tous les côtés.
Mais au fond, mes deux nièces représentent un peu des personnes très chères à mon cœur. Notamment par ce côté véritable, si précieux, qui prime par-dessus, lorsque l’ouverture d’un cadeau donne naissance à un sourire qui vient véritablement du fond du cœur dans un monde où l’hypocrisie dégouline comme de la crème pâtissière d’un chou trop garni. Et même si je ne suis pas vraiment du genre matinal, je ne peux m’empêcher de sourire quand ma nièce vient me réveiller à 7 heures du matin en ouvrant la porte de ma chambre et en s’interrogeant à voix haute tout doucement « Il est où mon Tonton à moi ? » quand elle est confrontée à la masse sombre blottie sous la couette. Alors elle vient vérifier si je dors bien en déposant un bisou sur votre front et en essayant de m’ouvrir les yeux tout en m’arrachant quelques cils au passage. Mais l’innocence de cette âme ne peut être que propice à un sourire étant donné que même si elle m’a réveillé, elle est repartie comme si de rien n’était sur la pointe des pieds. Et surtout, il suffit d’une carte d’un Père Noël et d’un renne au nez rouge envoyée de Suède pour faire resplendir la magie de Noël dans ses yeux : eh oui, ce n’est pas donné à toutes les petites filles françaises d’avoir un tonton au pays du Père Noël.